Encore un très beau roman de Michelle Mazoué, un roman poignant et sensible où les chapitres s'alternent entre terre et mer dans un monde qui possède son lot de dangers tant sur l’eau qu’à quai. L’auteure y aborde des sujets graves tels que inceste - souffrance psychologique – handicap – alcoolisme -secrets familiaux - condition féminine, mais prouve que dévouement et solidarité peuvent aider et redonner du courage.
Vendée, 1930 au Quai de La Chaume, un quartier où vivent petitement toute une communauté de marins pêcheurs et leurs familles ; une plongée dans la dure loi du marché, celle des marins pêcheurs et du travail harassant des femmes dans les conserveries, celle des bateaux à voiles. L'auteure évoque avec émotion et justesse, tout un monde dépendant non seulement les uns des autres, mais surtout, des caprices de la mer, en évoquant les sacrifices, les longues heures d'attentes, l'angoisse sur fond de littoral si bien retranscrit.
L'accent est mis non seulement sur le dur labeur aux risques encourus mais aussi sur l'appel incessant de la mer, cette "maîtresse" dont les marins ne sauraient se passer pendant qu'à terre leurs compagnes doivent nourrir les enfants avec un œil rivé sur l'horizon en attente du retour ou pas de leurs hommes. Maris, pères, amants, fiancés confrontés à la concurrence et au cours du marché mais aussi aux éléments perturbateurs lorsque que l'océan se déchaîne et provoque agitation et chaos.
C'est dans ce quartier ouvrier de la Chaume que débarque Lucile, une jeune femme fraîchement nommée institutrice qui tente de se reconstruire après un passé traumatique. Accueillie avec méfiance par les habitants qui voient en elle une femme instruite, affranchie, libre et indépendante. Jusqu’à sa rencontre avec Jeannine Martineau, une ouvrière de la conserverie qui lui présente sa famille, les membres de l’équipage dont le beau José et tout son univers. Ame sensible et marquée par son enfance, Lucile ressent la douleur morale des personnes qu’elle côtoie et se sent investie de missions, venir en aide c’est viscéral pour elle, même si c’est à ses propres dépens.
Lorsque Lucile sauve de la noyade la petite Lisette, elle se reconnaît en cette gamine qui semble posséder un passé encore plus sombre que le sien. José admire cette jeune fille mais lui le "Don Juan" se sent tout petit auprès d'une telle personnalité, il la fuit...
Merci Michelle, encore un beau portrait d’une jeune femme vaillante qui sait se relever, mais aussi tout un panel de portraits de femmes de marins au caractère bien trempé nous est dressé, des femmes fortes, dures mais toutes avec "le cœur sur la main" et un monde maritime fort bien documenté. J'attends la suite avec impatience. Merci aussi aux Éditions La Geste pour leur envoi.
José