Un roman qui m'a emballée du début à la fin. Excellent ! C'est le 3eme que je lis de cette auteure et en sors toujours aussi ravie.
Jacquie Béal a l'art de nous immerger dans l'Histoire au sein de la belle région d'Aquitaine et de par cet ouvrage, nous faire vivre des émotions, éprouver des sentiments de révolte, nous choquer et nous offusquer en nous rapportant la "condition féminine" au sein d'un monde d'hommes ; mères, femmes, filles tenues sous l'autorité d'un père ou d'un mari.
Dans cette fin de Moyen Âge qu'elle était la valeur d'une femme ?
Pas grand chose ! Quantité négligeable, pas le droit de s'instruire, pas de liberté, pas droit à la parole, juste accomplir son labeur... plus mal lotie qu'un animal ; la soumission et encore la soumission !
Voici donc l'histoire de l'une d'entre elles, Ysolda ; la timide mais rebelle qui passe sa jeunesse à s'enfuir mais dont le destin hors du commun va la mener vers la liberté.
Nous plongeons en immersion dans une époque où l'auteure se fait un devoir de ne rien oublier, la façon de vivre, de parler, la langue d'usage qui y était pratiquée ; les us, les coutumes, les croyances surnaturelles, les légendes et superstitions. Et, lorsqu'on est toute jeunette, presque encore une enfant, naïve, non instruite et née "Fille", assister à ces horreurs ne favorise pas à vouloir grandir et s'aimer soi-même. Mais sa force de caractère va transcender la règle.
14eme siècle, dans les bois une taverne dont la réputation n'est plus à faire, où monnaie sonnante et trébuchante est le seul intérêt du maître des lieux ; un homme vil qui n'hésite pas à vendre sa fille aînée, voire même, sa femme à tous les brigands et pires voyageurs qui y font escale. Sa cadette Ysolda a bien compris, travestie en garçon, plus elle est maigre et sale, plus elle se réfugie à la fabrication de la Cervoise, plus elle réussit à se faire oublier de son père mais surtout des clients.
Le fléau de la Peste Noire se repend dans tout le Pays, sa famille est décimée, elle s'enfuit par les bois ; porteuse d'un bubon, elle est sauvée de justesse par une guérisseuse qui devient son amie. Cette dernière déclarée sorcière est portée au bûcher, c'est à nouveau la débandade pour Ysolda, vers Bragerac chez un vieux libraire chez qui elle a été recommandée, elle y découvre alors l'art de l'écriture et de l'enluminure. Mais attention, nouveau danger, nouvelle évasion, vers Bordéu cette fois chez le frère du libraire, enlumineur lui aussi....
Une étude des mœurs, des caractères, une analyse fine, des ressentis, une description des passions... voilà tout ce que vous offre l'auteure.
Une vie rythmée faite de fuites et de découvertes, pour Ysolda, va-t-elle enfin trouver la paix et peut-être le bonheur ?
Un grand merci Jacquie Béal pour ce roman très palpitant, rythmé et cette immersion tellement bien contée et imagée au sein du XIVe siècle. J'ai adoré.
José