Le Rouet de Jeanne - Gilles LAPORTE

Le 05/10/2025

Dans Mes lectures

Entre la Lorraine et le Tarn, un frère et sa sœur voient leur destin intimement lié au trésor de famille : le rouet de Jeanne d'Arc. De 1900 à 1945, l'objet johannique sera comme un symbole de résistance face à l'occupant allemand.
Un superbe hommage rendu aux artisans du bois et du verre.

4ème de couverture

Fruit du talent des ébénistes locaux, le rouet des Mangeon serait celui de Jeanne d'Arc. Cette famille de Lorraine en a fait son symbole de résistance à l'occupation prussienne de l'Alsace-Moselle après la défaite de 1870, et le vénère telle une relique à chaque Saint-Jean.
1894. Artisan réputé, le père Mangeon meurt, foudroyé par le choléra. Malgré le soutien de sa fille, Hermance, la mère subit son veuvage. Instable, Germain, le fils, part travailler le cristal à Baccarat.

Un matin de 1903, Hermance s'effondre : le rouet a disparu ! Par chance, elle l'avait dessiné. Elle décide de le reproduire à l'identique en mémoire de son père et fait appel à Léonce. Ce jeune sculpteur sur bois la désire depuis longtemps. Il accepte, à condition qu'elle l'épouse.

Mais qu'est devenu le vrai " rouet de Jeanne " ?

Des Vosges au Tarn : un beau roman sur la transmission, un hommage aux femmes, aux artisans du bois et du verre.

Mon avis

Quel bonheur de découvrir ce nouvel ouvrage de Gilles Laporte, un livre qui m'a subjuguée, captivée ; je m'en suis délectée, d'autant que tout se passe non seulement en Lorraine, mais à quelques pas de mon lieu de résidence, à la frontière des Vosges et du Sud Meusien.

C'est à Greux - Domrémy que l'auteur a planté son intrigue, dans cette partie des Vosges marquée de tous temps par l'Histoire où l'Héroïne locale est un "Symbole" pour tous. Un modèle de ténacité, de volonté et de courage dont les protagonistes de cet opus s'inspirent, des femmes et des hommes du cru que Gilles Laporte anime et façonne comme un artisan, méticuleux du détail, il dépeint du bout de "sa plume trempée dans l'encre violette" comme il le dit régulièrement, les êtres, les paysages, les chefs-d'œuvre d'un patrimoine celui d'un tout petit morceau de Lorraine mais ô combien célèbre !

Depuis la guerre de 1870 y règne toujours un sentiment d'amertume après l'annexion de la Moselle et de l'Alsace ; nous sommes en 1894, en pleine construction sur la colline du Bois Chenu, de l'église Jeanne d'Arc, qui sera élevée au rang de Basilique mineure par le pape Pie XII le 4 juin 1939.

L'auteur a choisi comme fil conducteur un Rouet, mais pas n'importe lequel ! Celui ayant appartenu à "Not' Jeanne". Rouet conservé jalousement, pour le tenir à l'abri de tous les regards, à l'intérieur d'un placard à confitures transformé en reliquaire, par une famille de Greux, les Mangeon.

Ce rouet occupe une place à part entière au milieu des héroïnes et héros de ce livre historique.

Nous allons traverser les années, les guerres mondiales auprès de ces femmes volontaires et de ces hommes qui de par leur art dans la pierre, le bois, le cristal ont valorisé cette région. L'auteur met l'accent notamment sur le travail du bois, et nous transportera des ateliers familiaux disséminés dans cette campagne jusqu'à Liffol-le-Grand dans les fabriques de meubles et sièges à la renommée devenue mondiale, avec un petit retour vers les verreries et cristalleries de Lorraine puis d'Occitanie. Amours, peines, labeur, jalousies, dévotions et paysages à couper le souffle cimentent cet ouvrage. Les revendications ouvrières, la politique et l'Histoire le pimentent.

Une œuvre complète qui relate tant historiquement, politiquement, géographiquement que culturellement le dévouement de tous ces Lorrains à l'image de cette famille d'artisans, au savoir-faire, à la résilience, à la résistance aussi et à l'esprit d'entraide qui les caractérisent si bien. Une intrigue passionnante, une leçon de survie, une reconstruction grâce à l’amour des proches, un espoir en la vie.

Un endroit non pas que je découvre, mais incitée à chercher et découvrir ce qui était retranscrit, je me suis même prise au jeu, en passant régulièrement à Greux, de m'arrêter afin de voir certains lieux plus en détail. Une belle leçon très enrichissante sur le savoir-faire et le patrimoine que nous offre l'auteur.

Ce livre mérite vraiment d'être largement diffusé et cette transmission d'être lue par le plus grand nombre de lectrices/lecteurs à commencer par les habitants du coin et je m'engage à en parler et le faire connaître tout autour de moi ! Bravo Gilles, quel témoignage et quelle passation pour les générations à venir !

(Merci à ma nièce Ambre pour son cadeau.)

José

Mon résumé

Greux XIXe siècle, dans une belle maison bourgeoise vivent Gustave MANGEON, maçon réputé et tailleur de pierres, Antoinette son épouse brodeuse et fileuse et leurs deux enfants, Germain et Hortense. Il est un rite en cette demeure, chaque année à la Saint-Jean, la famille pénètre dans la chambre parentale, le père ouvre la porte du placard à confitures, lève le drap de lin protecteur et découvre "le rouet de Jeanne" un objet simple en bois ayant appartenu à la fille du Pays.

Un soir de 1894, le père rentre malade de son chantier, la construction de l'hôtel de la station thermale de Vittel, peu de temps après il décède du choléra. Tout bascule, le temps se fige pour son épouse Toinette qui reste prostrée, Germain refuse de continuer le métier de maçon, plus attiré par l'art du cristal et du verre, il quitte le foyer. Quant à Hortense, tout repose sur elle. Quelques années plus tard, lorsque la date fatidique d'ouvrir le placard arrive, Hortense insiste lourdement auprès de sa mère de reprendre le rituel, or, elle n'en croit pas ses yeux, le rouet a disparu ! Un drame... que s'est-il passé ? Ce rouet, relique tant vénérée, elle l'avait dessiné enfant, elle se jure d'apprendre à maîtriser le bois pour le refaire à l'identique. Elle demande à son soupirant vivant au moulin, ébéniste et sculpteur sur bois, de l'aider, de lui apprendre le métier, ce dernier accepte à condition qu'elle l'épouse. Elle accepte ; 1914, mobilisation générale, il sera tué sur le front. Va-t-elle pouvoir s'en remettre ? Comment survivre, face au deuil ?

Un jour, elle se rend à l'église du Bois Chenu et y rencontre Gustave Ferrant, ébéniste lui aussi qui a en charge la vérification des bancs de bois de l'église, il travaille aussi au château de Bourlémont à Frébécourt... Estropié de guerre, il n'ose espérer, mais Hortense lui plaît, il pourrait la rendre heureuse... Que leur réserve l'avenir ?  La 2eme guerre mondiale n'est pas loin, le bruit des bottes résonne…

José

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