Un roman fort, sensible, basé sur un fait historique où l'auteur restitue un pan d'histoire tragique et surtout pas très glorieux de la première guerre mondiale. Un bel hommage rendu aux "Martyrs de Vingré", ces 6 poilus fusillés pour l'exemple en 1914 et réhabilités en janvier 1921.
De toujours l'absurdité des guerres ont fait des milliers de victimes et laissés des veuves et des orphelins inconsolables, mais lorsqu’au sein des troupes, des soldats sélectionnés par tirage au sort par leurs propres gradés, sont fusillés à titre d'exemple pour abandon de poste, les répercussions et retombées sur les familles touchées sont terribles et traumatisantes.
C'est l'histoire de l'une d'entre elles, romancée par l'auteur que nous allons suivre. Des procès bâclés, des hommes jugés et fusillés pour l'exemple par leur propre camp, voilà ce qui est arrivé à Hector Meunier, homme humble et honnête, père d'Albert qui a tout juste 15 ans au moment des faits. Outre la douleur de la perte de cet être cher et le devoir de soutenir une mère effondrée, Albert, marqué à vie, hué et critiqué par les habitants du village, n'aura de cesse d'étudier, de se former afin de se montrer digne de son père. Fort heureusement il sera soutenu et épaulé par son parrain Marcel Boulay, directeur d'école et maire, car ni pension de veuve de guerre pour sa mère, ni reconnu pupille de la nation pour lui, telle était la sanction pour les familles de "lâche". Ses amis lui tournent le dos, Albert poursuit ses études avec hargne, rage et ténacité ; c’est "Hussard noir de la République" et un jour Maire de son village qu’il sera ! Tels sont ses objectifs.
Pendant toutes ces années, Marcel son mentor, va œuvrer pour essayer de faire réhabiliter ce père, rapatrier le corps et faire graver son nom sur le monument aux morts. Y parviendra-t-il ? Lorsque Marcel part à la retraite, Albert devenu instituteur, postule le poste de directeur d'école et tout naturellement brigue la Mairie, mais comment les habitants vont réagir ? Sera-t-il élu, lui le fils du fusillé ?
Ce serait une belle revanche sur le passé, un clin d'œil à la mémoire de son père, qui de là-haut serait fier de lui.
L'auteur rend aussi un bel hommage aux "Hussards noirs de la République" en invoquant les études sérieuses, dures et disciplinées que suivaient ces jeunes gens pour avoir le droit d'enseigner dans cette école obligatoire, gratuite et laïque.
Un beau travail de mémoire, un bel ouvrage, merci à l'auteur qui y a mis toute son âme.
José