La Transbordeuse d'oranges - Hélène LEGRAIS

Le village frontalier de Cerbère, au début du XXe siècle, n'est qu'un hameau de pêcheurs entouré de vignes.
Cependant, quand on s'approche de la gare, dans la vapeur et la fumée des trains, c'est l'effervescence : par wagons entiers, les oranges d'Espagne arrivent à quai.
Les vieux Catalans comme Sauveur Ribéra détestent cette agitation et ce maudit chemin de fer. Pourtant, sa fille Rosette a choisi le dur travail de transbordeuse de ces fruits ensoleillés, un produit de luxe à cette époque.
La jeune femme s'endurcit, gagne peu à peu son indépendance, et, lorsque la grève éclate, elle est au premier rang de ses camarades féminines.
Mais comment conduire une révolte quand on est amoureuse du fils du patron ?

Un magnifique roman, qui met nos sens à dure épreuve, amour, joie, révolte, peur, peine, admiration, un livre qui aborde les conditions de travail des femmes et leur exploitation au début du XXe siècle à Cerbère.

L'auteure nous offre un témoignage vivace sur le passé de ce village frontalier avec l’Espagne et se fait un devoir de raconter ces femmes et ces hommes qui ont fait de Cerbère, petit village de pêcheurs situé au Sud Est des Pyrénées orientales, une commune en plein essor. Ce hameau qui vivait des vignes et de la pêche voit d'une part la contrebande se développer par les voies maritimes, un poste de douane y être érigé et l'arrivée du chemin de fer et son lot d'ouvriers envahir l'espace.

Le souci à l’époque, c'est qu'en Espagne l'écartement des rails diffère avec celui des rails français, les trains ne peuvent pas circuler d'un pays à l'autre. Les wagons remplis de tonnes d'oranges, fruits considérés comme produit de luxe à l'époque, doivent être transvasés d'un fourgon à l'autre, la mise en place d'un quai de transbordement voit le jour, un nouveau métier prend naissance, travail attribué essentiellement aux femmes, celui de "transbordeuses d'oranges" pour le compte de transitaires qui les exploitent largement.

Rosette Ribera toute jeunette va y faire ses premiers pas sous la houlette de sa marraine Pauline. Elle se lie d'amitié avec Amparo transbordeuse espagnole et tombe amoureuse de Jacques le fils d'un des transitaires français. Jusqu'au jour où les femmes se rebellent car trop exploitées, le premier syndicat féminin voit le jour, leurs revendications prennent une ampleur ingérable, la grève est décidée, elles font face aux autorités, à l'armée et vont même jusqu'à se coucher sur les rails pour empêcher le train de passer... Un courage inégalable force le respect de ces héroïnes. Rosette prise dans la tourmente doit choisir son camp, entre cœur et raison il lui faut choisir... Dans le même temps, Baptiste son frère trempe dans une affaire de contrebande...

Qu'en sera-t-il de leur destin ? Un bel hommage à ces femmes héroïques et courageuses qui en 1906 ont marqué l'Histoire du monde du travail !

Un livre à rebondissements que j'ai apprécié tant historiquement que géographiquement, qui sait nous tenir en haleine et nous émouvoir jusqu'au bout. Merci Hélène pour cette belle reconstitution et ce magnifique roman à connotation politique, syndicale et sociale.

José

Sauveur Ribera ne décolère pas depuis l'installation du chemin de fer à Cerbère. Lui qui cultive la vigne de ses ancêtres le jour et part à la pêche la nuit pour nourrir sa famille ; chaque fois que le sifflement des machines infernales retentit, une rage l'envahit et hors de question d'aborder le sujet à table.

Le jour où Rosette sa fille chérie décide de partir travailler sur le quai comme transbordeuse d'oranges, il fulmine, mais aussi têtue que son père, elle obtient gain de cause d'autant qu'elle argumente qu'elle sera sous la responsabilité de sa marraine Pauline.

La vie de jeune travailleuse s'avère difficile, cependant les collègues, l'amitié avec Amparo une jeune transbordeuse espagnole et surtout la rencontre avec le beau Jacques, fils du patron dont elle tombe amoureuse, lui donnent des ailes.

Mais ce dur métier, pénible, dangereux et sous payé, poussent les transbordeuses à se faire entendre. Leurs revendications et les multiples échauffourées occasionnées, leur combat face au patronat amènent ces femmes à la révolte ; la mise en place du premier syndicat féminin voit le jour, un mouvement de grève s'en suit. D'abord on leur envoie les gendarmes, le mouvement se durcit, le gouvernement y délègue l'armée, elles iront jusqu'à l'ultime mise en danger, à savoir se coucher sur les rails pour entraver les livraisons, acte courageux et héroïque pour essayer d'obtenir gain de cause.

Prise dans cette tourmente Rosette se trouve face à un grave dilemme il va lui falloir choisir son camp...d'autant que son frère Baptiste trempe dans une histoire de contrebande, leur père Sauveur Ribera se sent dépassé.

La destinée de Rosette va changer à jamais…

José

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