Un roman que j'ai dévoré. C'est le 3ème que je lis de cet auteur et c'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé sa prose très agréable et passionnante à lire. Toujours à mettre en avant et ce, avec finesse et douceur, les femmes, notamment celles de condition modeste.
Avec ce titre évocateur, "La Maison des âmes perdues" et sa magnifique couverture tout aussi parlante, Alain Léonard nous conduit d'abord dans le Massif Central, fin XIXe siècle, nous fait visiter Clermont-Ferrand, le chantier toujours en cours de sa gigantesque cathédrale, ses belles artères, ses places, ses vielles rues et plus particulièrement la rue des Trois-Raisins dans laquelle la porte de la "Boule d'Or", illuminée de sa lanterne rouge, s'ouvre sur des salons à l'ambiance chaude et tamisée. Là-même où, l'auteur va nous brosser le portrait de pauvres filles qui se sont fait piéger par de sinistres individus et nous y expose avec beaucoup d'humanité les conditions de travail, les visites sanitaires obligatoires et la pression faite par la "tenancière", qui leur avance de quoi les habiller, les loger et les nourrir, dette qui ne semble jamais diminuer, car au moindre problème, des retenues sous forme d'amendes leur sont ajoutées.
Nous sommes donc en fin de XIXe siècle, moment que l'on qualifiait de Belle Epoque, mais peut-être pas pour tout le monde et surtout les femmes et jeunes filles qui étaient encore bien loin d'être estimées de la gent masculine et des bourgeois.
C'est à travers Claire, le personnage clé du roman, que nous allons pénétrer dans ce milieu du monde de la nuit, si bien décrit mais jamais de façon glauque ou vicieuse par Alain Léonard. Claire, jeune paysanne, partie de chez ses parents pour gagner sa vie à la ville, employée comme bonne à tout faire dans une famille de notables ; abusée par le fils et rejetée de tous, dont ses parents, qui après l'annonce de sa grossesse, va vivre une véritable descente aux enfers.
Abus de confiance, violence, désespoir, naïveté, méchanceté, jalousies, rivalités, appât du gain, railleries mais aussi solidarité, amitiés seront de la partie, tout un panel qui nous tient en haleine tout du long et l'Amour dans tout cela ? Y trouvera-t-il sa place ?
Magnifique ouvrage qui va nous mener également dans la ville de Royat en plein essor avec l'inauguration de sa sublime station thermale et une ouverture touristique prometteuse.
Un grand merci Alain Léonard pour cette belle histoire, qui peut porter également à un débat sur le thème de l'exploitation des femmes, sur ce métier de prostitution et la fermeture des maisons closes, pour ou contre, vaste sujet ! Merci également aux Éditions De Borée et à Virginie en particulier pour son envoi en SP.
José