"La Madeleine Proust" rappelez-vous, personnage de théâtre haut en couleurs créé par Lola Sémonin.
Je vous avais déjà parlé des 2 premiers ouvrages "La Madeleine Proust, une vie (Quand j'étais P'tite) et le second La Madeleine Proust, une vie (Ma drôle de guerre) ; deux ouvrages emplis d'humour qui relatent l'histoire de La Madeleine vivant en Franche-Comté avec ses anecdotes, son franc parler qui nous font sourire et même rire. Des vérités vraies comme dit La Madeleine.
Cette fois dans ce 3ème ouvrage j'y ai trouvé beaucoup de profondeur, malgré les propos truculents, la verve du personnage et ses réflexions cocasses ; l'auteure a l'art et la manière de nous relater en douceur le côté obscur de cette période d'occupation, faite de restrictions, de peurs, de drames, de rafles, bref d'épouvante.
Je dirais qu'il y a beaucoup plus d'émotions que de rires cette fois.
J'ai cru entendre mes propres parents lorsqu'ils me parlaient de toute cette sale période qu'ils ont vécue enfants et qui les a marqués à jamais.
L'auteure continue donc à nous livrer l'histoire de son personnage à travers l'Histoire. Une toute jeune fille de 16 ans qui s'épanche sur ses premiers émois et nous amène au fur et à mesure dans cette atroce période de guerre qui va les plonger, elle et sa famille, dans une succession de malheurs. Les Allemands sont partout, dominent et terrifient les habitants, autant ceux des campagnes que ceux des villes. Elle va devoir partir travailler comme bonne à Paris. Commence pour elle un périple qui va la confronter à un monde inconnu, si différent du sien, tout l'étonne et c'est les yeux écarquillés qu'elle nous livre ses impressions. Elle atterrit chez des nantis, petits bourgeois, de ces Parisiens qui se sentent supérieurs parce qu'ils vivent à Paris mais qui a priori ne reculent devant rien pour maintenir leur niveau de vie en pleine occupation. Système D ? Collaboration ? Comment font-ils pour ne pas trop se restreindre ?
La culture, le parler, les usages, les intérieurs luxueux interpellent La Madeleine, un véritable contraste, c'est comme comparer la vaisselle de faïence ébréchée de chez ses parents à la porcelaine fine et les cristaux de chez ses patrons. Tout la surprend, l'étonne, la bouleverse parfois et même l'effraie. Les siens, les bêtes, les champs, les forêts lui manquent.
Combien de temps va t-elle devoir y rester ?
J'ai retenu une phrase
"Je croyais que les rêves poussaient comme des plantes mais le mien à sécher sur pied il a pris un coup de gel et s'est ratatiné. Il s'est cassé en mille morceaux même le réparateur de porcelaine ne pourrait rien y faire."
On rit malgré tout, le monde est ainsi fait !
La conjoncture actuelle m'amène évidemment à avoir une pensée pour le peuple Ukrainien qui vit dans cette tourmente aujourd'hui.
Un grand merci à l'auteur et aux Editions Presses de la Cité- Terres de France, à Marie-Jeanne en particulier pour son envoi en SP.
José
