Un livre qui m'a passionnée, l'Histoire à travers les dessous de l'Histoire, grâce aux écrits d'une femme, Laure Permon.
Laure Adélaïde Constance Junot, duchesse d’Abrantès, née Permon le 6 novembre 1784 à Montpellier et morte le 7 juin 1838 à Paris. Une mémorialiste qui a eu son heure de gloire et a fini misérable à l'image de son ami d'enfance Napoléon Bonaparte.
Pouvoir et déchéance, je dirais.
Toute l’histoire de Napoléon de sa montée, sa prise de pouvoir, son sacre et sa chute nous est confiée à travers les propos de cette femme au fort caractère, issue de la bourgeoisie, vive, instruite et drôle. Une de ces "Merveilleuses" qui a eu un rôle important à la cour impériale, une des rares femmes à tenir tête à l'Empereur, qui s'est élevée en même temps que lui, est devenue un personnage important dans son sillage, a connu la gloire, la fortune, et a fini ruinée. C’est à travers les histoires d'alcôves, les complots, les festivités grandioses et les dépenses démesurées signifiés dans ses écrits que nous remontons le temps.
Elle y raconte la famille Bonaparte, les frères et sœurs, la mère, Napoléon et Joséphine, le général Andoche Junot son époux volage, ses amants, ses enfants, les fêtes, les repas, les soirées où tous les grands noms de France, de Paris mais aussi de toute l'Europe se précipitent. Napoléon lui demande de faire briller la cour impériale pendant ses absences, elle excelle en ce domaine. Elle devient une femme dépensière, frivole et libertine et suscite parfois la jalousie des sœurs Bonaparte.
Après l'abdication de l'Empereur, on la retrouve veuve, abandonnée de ses amants, peu de revenus, néanmoins elle se bat ; ses amitiés avec Balzac, Hugo, Dumas et bien d'autres écrivains en vogue lui permettent de tenir des salons littéraires très prisés, elle essaie de continuer à faire face, mais l'argent manque. Dans cette époque où le monde appartient aux hommes, elle n’est que “femme", c'est bien là sa faiblesse, elle n’a aucun droit. Les huissiers ne la lâchent plus, Balzac son dernier amant lui suggère de coucher ses mémoires sur papier et l'aide à publier, faible ressource toutefois, saisie de toutes parts, elle finit ruinée et placée dans une maison de santé où elle meurt. Sa dernière demeure, elle la doit à Hugo qui a lancé un appel pour qu'elle ait un tombeau honorable.
Un livre pas rébarbatif du tout car écrit d'une façon très originale, sous forme de dialogue, un partage constant entre l'auteur-historien et la Duchesse d’Abrantès. D'après les mémoires de cette femme, l'auteur s'attache à monter ou démonter certains de ses dires. Un exercice sans doute très laborieux et exigeant. Respect à l'auteur pour cela.
Cette façon d'écrire donne de la légèreté à l'ouvrage et le rend ultra intéressant.
On devrait enseigner l'histoire de cette façon car on s'attache au dialogue qui est quelquefois plein d'humour on a presque envie de participer à la discussion.
Franchement passionnant, un auteur que je n'avais jamais lu et dont j'ai appris il y a peu le décès. Respect à ce Monsieur. J'espère pouvoir néanmoins lire d'autres ouvrages de lui, tel "Le Hussard fou de Napoléon".
Merci aux Editions De Borée et à Virginie en particulier pour son envoi en SP.
José