Une si longue haine - Martine DELOMME

Charlotte est une femme d'aujourd'hui, la quarantaine attachante. Elle jongle entre sa fille de douze ans, dont elle assure la garde partagée depuis son divorce, et sa librairie à Arles. Une lettre bouleversante de sa tante Louise, malade, fait tout vaciller. Comment refuser une dernière visite à celle qui fut comme une seconde mère ? Mais Charlotte n'a pas revu sa famille depuis ses quinze ans, en 1993.
A l'idée de retrouver "les siens", elle a l'impression de se précipiter dans un traquenard. Car en plus de ses proches, c'est son passé, la tragédie étouffée de son adolescence, qu'elle doit aussi affronter. Seule, ou presque, contre tous.

Haine, amour, jalousie vont jalonner son retour aux sources à Sarlat, dans la belle bâtisse familiale entourée de noyers.

Un livre émouvant qui aborde le déchirement, l'incompréhension et la coupure entre parents et enfants, un état de fait qui m'a particulièrement touchée ; effet de mode actuel, on dirait !

Comme tous les ouvrages de Martine Delomme, sûre de ne pas être déçue, malgré la haine décrite dans cet ouvrage, la tendresse et la pudeur sont au programme. Voilà une romance qui met en exergue la famille, les discordes, les secrets, les rancunes et les rancœurs qui peuvent mener à la haine par méconnaissance et manque de dialogue. L'absence de courage parfois, pour pouvoir s'expliquer de vive voix, yeux dans les yeux, mène des êtres liés à jamais par le sang et par l'amour à rompre leurs liens et à s'en faire subir de graves contrecoups.
Des traumatismes subis pendant l'enfance, des blessures morales qui vont forger le caractère rancunier de l'adulte de demain et le buter.
Les divorces, les veuvages, les mariages recomposés, les jalousies, l'appât du gain, les problèmes d'héritage, les complots. Bref, voila de quoi nous embarquer dans une histoire qui nous tient en haleine tout du long et concoctée toujours dans une belle écriture pleine de compassion.

Lorsque la vie bascule, suite à une séparation ou un veuvage et qu'un des parents prend une nouvelle partenaire, les enfants sont marqués par ce brutal changement de vie et les retombées peuvent en être lourdes de conséquences.
A partir du moment où l'enfant se croit mal aimée, trahie ou rejetée, jalouse et rompt avec sa famille sans chercher à discuter, persuadée d'avoir raison et n'en démord pas, la rupture est inévitable.
Et quand 28 ans plus tard elle revient au bercail, à la suite d'un appel désespéré de "sa nounou" très malade ; elle prend sur elle et essaie de renouer avec son père sans pour autant essayer de parler avec lui et de crever l'abcès. Par pudeur ? Par sa rancune tenace ? Qui sait ? Toujours est-il qu'elle reste butée !
Mais quand soudain, à la suite d'un incendie criminel, c'est son père qui décède brusquement, elle est "bouffée" par les remords et comprend enfin mais trop tard qu'il l'a toujours aimée, il a voulu la protéger et a accepté ses décisions malgré tout le chagrin qu'elle lui procurait. Elle découvre alors, que l'amour des parents pour leurs enfants est éternel, que toute leur vie tourne autour d'eux, quoiqu'ils en pensent. Elle va le comprendre aussi à travers sa fille, car la peine est encore plus avérée lorsqu'il s'agit d'une mère qui a porté et donné vie à la chair de sa chair.
Elle éprouve alors un sentiment de frustration, une sensation d'inachevé et s'aperçoit que le temps perdu ne se rattrape jamais.

Très beau livre, merci à l'auteure qui sait nous toucher chaque fois, merci aux Editions Presses de la Cité-Terres de France et à M.Jeanne en particulier pour son envoi en SP.

José

Charlotte a coupé les ponts avec sa famille de Sarlat depuis 28 ans et vit maintenant à Arles. Lorsqu'elle apprend soudain la terrible maladie dont est atteinte Louise, cette femme qui l'a élevée à la mort de sa mère, elle est bouleversée. Son père s'était remarié avec une femme hautaine qui avait un petit garçon de quelques années plus vieux qu'elle, puis un petit frère était né de cette nouvelle union. Cette nouvelle compagne, incapable de s'occuper des enfants, avait alors fait appel à Louise sa cousine, pour l'aider.

Lorsqu'à ses quinze un drame surgit, c'est le choc, elle est blessée physiquement et psychiquement, son père la fait interner dans une maison psychiatrique. Se croyant et se sentant rejetée et incomprise, à l'issue de ses soins, elle exige de faire ses études en Suisse pour ne plus jamais revenir au foyer familial. Charlotte a donc fui son Périgord natal et sa famille, elle a rompu avec tous, a fait sa vie et n'est jamais revenue.

Aujourd'hui la quarantaine, propriétaire d'une librairie qui l'accapare beaucoup, mère d'une petite fille de 12 ans, à qui elle essaie de consacrer le plus de temps possible, elle est divorcée et a accepté le mode de garde partagé avec le papa, elle comprend d'autant mieux les réticences que la petite formule envers sa belle mère.
Suite à l'appel désespéré de Louise, Charlotte va consentir à revenir à la maison paternelle. Comment va-t-elle affronter son père ? Lui, en tout cas, lui ouvre grand les bras.
Néanmoins, les paroles ne sortent pas, elle reste butée ; mais lorsqu'un incendie emporte son père subitement, elle comprend mais bien trop tard, tout l'amour qui lui vouait et ne peut que constater que le temps perdu ne se rattrape jamais.

José

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