396696955 10221729461979756 9056372829929465329 n

Les Silences de Jeannette - Elise FISCHER

Le 29/10/2023 0

Dans Mes lectures

Dans son roman sans doute le plus personnel, Élise Fischer nous livre, sur trois générations, entre Lorraine ouvrière et Alsace rurale, une radiographie familiale saisissante, qui nous mène au coeur de la relation mère-fille, au plus près de ses failles et de ses blessures.

4ème de couverture

Âgé de douze ans à la mort de son père en 1933, Jean, dit P’tit Roro, dernier d’une fratrie de onze enfants, est élevé seul par sa mère, Joséphine, qui vivote en lavant du linge dans le canal de la Marne au Rhin à Champigneulles, près de Nancy. Malgré les efforts de sa sœur aînée, Agathe, Jean ne peut échapper à l’emprise de cette mère cassante, portée sur la boisson, qui ne décourage pas ses petits écarts, surtout quand ils permettent de gagner quelques sous.
Philomène-Jeanne ignore tout cela lorsque Jean, qui travaille avec son père aux Chemins de fer, demande sa main dans l’euphorie de la Libération. Acculée à ce mariage, la jeune Alsacienne éprise de culture et d’idéal se résigne à emménager avec son mari chez sa belle-mère. Celle qu’on rebaptise Jeannette se plie aux mœurs de sa nouvelle famille. Mais la violence qu’elle est obligée de se faire est bien trop forte pour ne pas se retourner contre la fille qui naîtra de cette union…

Mon avis

Blessures, meurtrissures qui remontent à l'enfance. La famille, la transmission, l'hérédité parentale, les agissements ou comportements qui peuvent être néfastes voir traumatisants, les rapports mères-filles et la force de caractère pour s'en sortir...

Ne pas reproduire ; pour cela, il faut être doté d'une masse de volonté !

Un livre particulièrement émouvant qui m'a touchée au cœur, une écriture sans tabou, une vérité offerte cartes sur table, qui nous mène à certaines réflexions.

Pourquoi sommes-nous ainsi ? Est-ce que les angoisses des parents, la transmission d'amour ou pas influent sur leur progéniture ?

Combien l'enfance des uns et des autres est déterminante pour forger le caractère du futur adulte et son comportement dans l'avenir ?

Dans la vie rien n'est gratuit, les blessures indélébiles peuvent vous faire atteindre des sommets ou au contraire chuter au plus bas de l'abîme. Les relations mères-filles vont influer sur leurs débuts idylliques ou chaotiques. C'est, je pense, ce que l'auteure a voulu transmettre.

Dans ce dernier ouvrage, Élise Fischer se livre tout entière et nous confie sa famille à l'état brut, sans censure, sans mensonge, elle nous offre sa vérité, son ressenti, nous explique la perception du moins qu'elle en a eue depuis sa plus tendre enfance.

Cette famille lorraine par son père et alsacienne par sa mère dont certains noms ont été changés ; car ce n'est pas une attaque ou un règlement de compte qu'Elise a voulu transmettre dit-elle, mais une mise au point sur les caractères, rancunes et jalousies des uns et des autres qui ont pu œuvrer à ce qu'est devenue cette femme brillante aujourd'hui.

Elle écrit : "Que sait-on des plus proches que l'on croit connaître ? Je ne veux blesser personne. Je veux seulement déchirer ce voile de nuit, si c'est possible. Libérer l'espoir et l'amour."

Comment transmettre l'amour maternel quand chacune de ces femmes n'en a pas reçu ? Une relation mères-filles qui se perpétue au fil des générations. Une remise en question sur la façon dont elle a voulu se sortir de cette spirale, une interrogation sur la façon dont elle a aimé ses très proches ; assez, pas assez ?

Belle étude ! Merci Élise Fischer pour cette mise en question.

Merci aux Editions Calmann Levy -Territoires, merci à Dorothée en particulier pour son envoi en SP.

J'ai été stupéfaite et choquée en apprenant la maladie qui frappe l'auteure depuis peu et dont elle nous en trace les grandes lignes en début et fin de roman. Mes respects Élise, le mieux que je puisse vous souhaiter est de souffrir le moins possible. Merci pour tout ce que vous nous avez offert et nous offrez depuis tant et tant d'années.

José

Mon résumé

1933 - Lorraine à Champigneulles près de Nancy - Jean, 12 ans surnommé P'tit Roro est le dernier d'une fratrie de 11 enfants, à la mort du père il reste seul avec Joséphine, sa mère. Surnommée Fine, élevée à l'orphelinat, mariée toute jeune et enchaînant les grossesses, elle vivote en lavant du linge et a un sérieux penchant avec l'alcool. Cassante et acariâtre, lorsque l'argent vient à manquer, elle envoie P'tit Roro tout jeunot se louer dans une ferme, ce dernier est content de pouvoir s'échapper mais elle lui fait promettre de ne jamais l'abonner, il est et sera son bâton de vieillesse. Parole qu'il tiendra.

1945 à Bouxières-aux-Dames Philomène-Jeanne vient d'arriver, elle a dû quitter l'Alsace ; sa grand-mère, qui l'élevait et qu'elle considérait comme sa mère, est décédée. Aussi tombe-t-elle des nues en apprenant que sa mère qu'elle a cru longtemps être sa tante est installée en Lorraine mariée à Bébert l'Alsacien et que ses cousins sont en réalité des demis frère-sœur. Philomène-Jeanne assoiffée de culture débarque dans une famille qui ne l'attendait pas, elle se sent de trop, elle trouve un travail chez des riches bourgeois place Saint-Epvre à Nancy. Nous sommes au lendemain de la guerre encore dans l'euphorie de la Libération.

Lorsque Jean-P'tit Roro, la voit il est subjugué, la courtise, et demande sa main à Bébert l'Alsacien son collègue aux chemins de fer.

Elle ; a toujours en tête son premier amour, Hans, un jeune Allemand disparu pendant la guerre. Puis c'est le mariage, elle accepte, seulement elle devra habiter chez Fine la mère de Jean, un parcours du combattant pour cette "moitié boche" comme l'appelle sa belle-mère toujours entre deux vins. De cette union naîtra Lison, 2ème enfant d'une fratrie de 5.

Philomène-Jeanne devenue Jeannette pour sa belle-famille, est une âme blessée, meurtrie. La violence qu'elle doit se faire est bien trop forte pour ne pas se retourner contre sa fille Lison...

Quant à Lison... son rêve, écrire...

José

En savoir plus sur l’auteur

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×