La Dentellière des prés - Alysa MORGON

Quel étrange puzzle que la vie d’Armande avec ses curieux morceaux à emboîter, pour certains facilement, pour d’autres avec grande difficulté au bas mot ! Mais jamais cette femme ne renoncera à tenter d’imbriquer chaque nouvelle pièce qui se présente. Comme si elle se devait de reconstituer ce casse-tête dans son intégralité. Pourtant, au plus profond d’elle-même, elle sait qu’il manquera toujours l’élément principal, celui qu’elle a fait disparaître un soir de mars dans la forêt. Alors, afin d’oublier tous ses tourments, elle court les champs pour tresser avec adresse les fleurs et les herbes. Ces trésors, que seule la nature lui offre, réussiront-ils à apaiser son cœur et sa tête qu’on dit prise de folie ? Seront-ils le remède à ses maux ?

Quelle jolie histoire, bouleversante et si bien contée, merci encore une fois Alysa, pour cette performance qui nous embarque dans un monde de cruauté et de douceur, de révolte et d'espérance où nos émotions sont sans cesse exacerbées.

Je n'ai pas envie de vous en faire le résumé, pour ne rien en dévoiler, la 4e de couverture est là pour vous mettre l'eau à la bouche et c'est bien suffisant comme cela. Juste vous présenter le personnage principal. 

L'ambiance et l'atmosphère particulière qui se dégagent de ce magnifique récit m'ont subjuguée et tenue en haleine jusqu'au bout. 

Alysa Morgon toujours avec tact, douceur et poésie, dénonce ici la condition féminine aux siècles derniers ; en effet, il ne faisait pas bon naître à une mauvaise époque, pas si lointaine d'ailleurs, au mauvais endroit, dans un monde de rustres et être "FILLE" !

Tous les ingrédients pour être considérée comme quantité négligeable. Ce destin insensé de l'héroïne, Armande, m'a fait passer par différentes phases de ressenti ; indignée, j'ai pesté contre certains personnages odieux et eu envie de me révolter contre le sort injuste de cette pauvre fille, mais il m'est aussi arrivé de sourire parfois avec les réparties bien provençales de l'auteure qui apporte dans ce drame, un peu de gaité. 

Une mère qui ne lui marquera jamais d'affection, un père qui ne la considérera que, comme monnaie d'échange, et, la mariera à un riche veuf beaucoup plus âgé, contre un lopin de terre, telles sont les premières années de sa vie. Sous le joug de cet individu cruel et menaçant, l'assujettissant à son simple rôle de ménagère et de "reproductrice" à condition de ne mettre au monde que des garçons, comment ne pas perdre la raison à en devenir " folle à lier ".

C'est dans les prés au milieu de cette nature provençale, colorée et parfumée si bien dépeinte par l'auteure que cette pauvrette trouvera des havres de paix en tressant des fleurs et des herbes avec dextérité pour en faire napperons ou couronnes, véritables œuvres éphémères mais, oh combien, admirées et qu'elle vendra au marché. Son échappatoire et sa façon à elle de se ressourcer auprès de la nature. 

Traumatisée depuis de longues années, trouvera-t-elle enfin le repos de son esprit, un peu de douceur et de bonheur dans ce monde qui ne l'a jamais épargnée ?

Merci pour ce merveilleux moment plein d'espoir, qui nous montre qu'il ne faut pas nous décourager, mais chut... je n'irai pas plus loin, juste de vous le recommander, c'était un réel plaisir.

José

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